l’impôt sur la fortune immobilière (ifi) s’applique depuis 2018 aux personnes dont le patrimoine immobilier atteint au moins 1,3 million d’euros au 1er janvier de l’année concernée. il vise à taxer la détention de biens immobiliers, bâtis ou non bâtis, y compris les droits réels immobiliers et certains titres de sociétés pour leur fraction immobilière. l’objectif du législateur est de faire contribuer les patrimoines immobiliers élevés aux finances publiques, tout en ciblant une catégorie spécifique de redevables. récemment, l’administration fiscale a dévoilé le bilan 2024 de la campagne de l’ifi, permettant d’observer l’évolution du nombre de foyers concernés, le montant global collecté, ainsi que les caractéristiques des redevables. ces données permettent d’analyser la place réelle de l’ifi dans la fiscalité française et d’en comprendre les enjeux pour les propriétaires de biens immobiliers importants.
les principaux chiffres du bilan 2024
en 2024, près de 186 000 foyers fiscaux déclarent l’impôt sur la fortune immobilière. ce chiffre progresse de 6 % par rapport à 2023, où l’on comptait 176 000 foyers concernés. le montant total d’imposition collecté atteint environ 2,2 milliards d’euros, soit une hausse de 11 % par rapport à l’année précédente.
pour situer ce montant dans la fiscalité globale :
type d’impôt | part dans les recettes fiscales nettes (2024) |
---|---|
taxe sur la valeur ajoutée (tva) | 38 % |
impôt sur le revenu | 16 % |
impôt sur les sociétés | 11 % |
ifi | 0,5 % |
le montant moyen d’ifi payé par foyer imposable atteint près de 10 900 euros en 2024 (contre 10 700 euros en 2023, soit une progression de 2 %). le patrimoine immobilier net moyen déclaré s’élève à 2,5 millions d’euros, en hausse de 2 % par rapport à l’année précédente.
concernant les dons ouvrant droit à réduction d’impôt, ils augmentent de 6 %, atteignant un total de 0,2 milliard d’euros. cette hausse provient surtout du nombre croissant de donateurs et non du montant moyen donné. pour bénéficier d’une réduction sur l’ifi, le don doit être réalisé au profit d’organismes reconnus d’utilité publique ou assimilés.
profil des redevables soumis à l’ifi en 2024
les foyers concernés présentent des caractéristiques distinctes :
- âge moyen : 70 ans pour les redevables ifi (contre 52 ans pour ceux ne déclarant que l’impôt sur le revenu)
- lieu de résidence : majorité en île-de-france, grandes villes métropolitaines ou à l’étranger
- revenu moyen : 281 000 euros pour les foyers soumis à l’ifi (contre 34 000 euros pour ceux payant uniquement l’impôt sur le revenu)
- poids de l’impôt sur le revenu : il représente 19 % des revenus totaux nets des foyers à l’ifi (contre seulement 5 % pour les autres)
- diversité des revenus : grande part provenant des capitaux mobiliers et plus-values, contrairement aux foyers imposés seulement à l’impôt sur le revenu où ces sources sont moins présentes.
ces éléments montrent que l’ifi concerne principalement des ménages âgés, souvent installés dans des zones urbaines dynamiques ou résidant hors de france. leur structure patrimoniale et leurs sources de revenus diffèrent sensiblement du reste des contribuables.
données comparatives et analyse des tendances
plus le patrimoine immobilier imposable est élevé chez un foyer soumis à l’ifi, moins la résidence principale pèse dans la composition totale du patrimoine déclaré. cela illustre une diversification accrue avec la montée en gamme du niveau patrimonial.
depuis sa création en 2018, les recettes générées par l’ifi suivent une courbe ascendante : augmentation du nombre de foyers imposables (+6 % en un an), progression continue du montant global collecté (+11 %). pourtant, cette imposition reste marginale dans le paysage fiscal français avec seulement 0,5 % des recettes fiscales nettes totales.
le tableau ci-dessous synthétise cette évolution depuis la création de l’ifi :
année | foyers imposés (en milliers) | dépenses totales ifi (en md €) |
---|---|---|
2018 | 132 | 1,3 |
2023 | 176 | 2,0 |
2024 | 186 | 2,2 |
bilan et perspectives sur la fiscalité immobilière patrimoniale en france
l’analyse du bilan 2024 montre que l’impôt sur la fortune immobilière, bien qu’en progression constante tant en nombre de foyers qu’en montants collectés, reste un impôt ciblé et minoritaire dans le système fiscal français. il touche avant tout une population plus âgée et aisée, avec un patrimoine diversifié et souvent concentré dans les grandes agglomérations ou hors du territoire national. la part croissante des dons ouvrant droit à une réduction d’impôt témoigne aussi d’un usage accru des dispositifs existants pour alléger la note fiscale. cette dynamique pose question sur la place future de cet impôt dans la politique fiscale nationale et pourrait nourrir des débats sur son maintien ou ses modalités dans un contexte où la contribution patrimoniale demeure au cœur des discussions publiques autour des inégalités et du financement public.