la fédération nationale des safer (fnsafer) publie chaque année une analyse précise du marché foncier rural en france. sa mission concerne le suivi et la régulation des transactions de terres agricoles, un secteur qui reste central pour l’alimentation, l’économie locale et la gestion des espaces naturels. en 2024, malgré une baisse du nombre de ventes et des surfaces échangées, le prix des terres agricoles poursuit sa hausse. cette tendance touche aussi bien les terrains destinés à la culture, à l’élevage que les vignes, et s’inscrit dans un contexte de raréfaction relative de l’offre, d’évolution du profil des acheteurs et de mutations du monde rural.
évolution du volume des transactions
le marché foncier agricole connaît en 2024 une baisse nette du nombre d’échanges. au total, 98 350 transactions sont recensées (-5,9 % par rapport à 2023), couvrant 431 000 hectares (-5,2 %). la valeur globale atteint 6,17 milliards d’euros, soit une chute de 17,7 %.
le profil des acquéreurs évolue. les agriculteurs personnes physiques restent majoritaires mais leur part diminue : -6,8 % en nombre d’acquisitions et -9,7 % en surface. les acquisitions par des personnes physiques non agricoles reculent aussi (-9,9 % en nombre ; -5,0 % en surface). en revanche, les sociétés agricoles progressent (+6,2 % en nombre ; +6,3 % en surface).
pour le marché des vignes, le volume baisse légèrement (-1,4 % avec 8 650 transactions). la surface échangée augmente légèrement (+1 % à 16 000 hectares), avec une valeur totale qui recule de 4,8 % (1,11 milliard d’euros).
type d’acquéreur | variation transactions (%) | variation surface (%) |
---|---|---|
agriculteurs personnes physiques | -6,8 | -9,7 |
personnes physiques non agricoles | -9,9 | -5,0 |
sociétés agricoles | +6,2 | +6,3 |
évolution des prix
en 2024, le prix des terres agricoles poursuit sa progression dans presque toutes les catégories.
- terres et prés libres (non bâtis) : prix moyen de 6 400 €/ha (+3,2 %)
- terres pour grandes cultures : prix moyen de 7 820 €/ha (+1,4 %)
- zones d’élevage bovin : prix moyen de 4 790 €/ha (+3,3 %)
- zones de polyculture-élevage : prix moyen de 6 450 €/ha (+4,6 %)
- terres et prés loués (non bâtis) : prix moyen de 5 220 €/ha (+2 %)
- grandes cultures louées : 6 570 €/ha (+1,8 %)
- élevage bovin loué : 3 950 €/ha (+1,2 %)
- polyculture-élevage loué : 5 110 €/ha (+2 %)
le marché viticole montre une évolution contrastée :
- aop france entière (hors champagne) : baisse à 93 800 €/ha (-3,9 %)
- aop champagne : hausse à 1,12 million €/ha (+1,7 %)
- aop bourgogne-beaujolais-savoie-jura : forte hausse (+11 %)
- aop aquitaine : baisse marquée (-18,4 %)
- aop sud-ouest : recul sensible (-9,1 %)
- aop eaux-de-vie (cognac/armagnac) : baisse à 51 100 €/ha (-9,8 %)
- hors aop : baisse à 13 800 €/ha (-7 %)
encadré :
les prix détaillés par région ou type de terre peuvent être consultés sur le site internet dédié de la fnsafer.
tendances sur le marché des parts de société
le marché des parts de sociétés foncières agricoles repart à la hausse avec 8 530 déclarations de transactions en 2024 (+3 %). plus de 950 000 hectares sont concernés pour une valeur totale de 3,45 milliards d’euros.
depuis la loi « sempastous » du 23 décembre 2021 entrée en vigueur il y a deux ans, les safer contrôlent ces cessions pour mieux réguler l’accès au foncier.
structure des cessions :
- 69 % entre membres d’une même famille
- 24 % à des tiers sans lien familial ni association préalable
- 7 % entre associés non familiaux
le contrôle exercé encadre ainsi la transmission du foncier via les sociétés.
évolution du marché lié à l’urbanisation
en 2024, seules 10 400 hectares de terres agricoles sont vendues pour l’urbanisation, soit une baisse marquée de 19,4 % par rapport à l’an passé. ce chiffre marque un ralentissement historique du rythme d’artificialisation : moins de terres sont converties chaque année en zones urbanisées ou d’activités.
malgré cette tendance baissière notable depuis trente ans, plus de dix mille hectares disparaissent encore chaque année au profit d’autres usages. cela représente une perte persistante pour l’agriculture et pour le patrimoine rural.
dynamique générale et enjeux pour le foncier rural en 2024
le marché foncier rural en france se caractérise en 2024 par une raréfaction des transactions et un maintien voire une hausse continue du prix des terres agricoles. ce contexte limite l’accès au foncier pour les jeunes installés et complique la transmission familiale ou hors cadre familial. la poursuite de la hausse tient autant à la demande qu’à l’offre réduite liée aux changements structurels dans le monde agricole.
ces évolutions soulèvent plusieurs enjeux : la capacité pour les nouvelles générations à accéder aux terres devient un défi majeur. elles posent aussi question sur le renouvellement agricole et sur le maintien d’un modèle agricole diversifié et dynamique.