Bail de courte durée frauduleux : action en justice et délai de prescription

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Par Nicolas

Le bail de courte durée ou bail dérogatoire est un contrat de location pour des locaux à usage commercial, conclu pour une période maximale de trois ans. Contrairement aux baux commerciaux classiques, ce type de bail offre moins de protection au locataire : pas de droit au renouvellement ni d’indemnité d’éviction. Pourtant, certains bailleurs cherchent à contourner la réglementation en multipliant ces baux successifs, ce qui peut être qualifié de fraude.

définition et cadre légal

Un bail de courte durée présente des caractéristiques spécifiques :

  • Durée maximale : 3 ans.
  • Absence de droit au renouvellement.
  • Non-soumission au statut des baux commerciaux.

Il est possible de conclure plusieurs baux dérogatoires successifs, à condition que leur durée cumulée n’excède pas trois ans. Au-delà de cette période, si le locataire reste dans les lieux, un nouveau bail soumis au statut des baux commerciaux prend effet.

enjeux pour le bailleur et le locataire

Pour le bailleur, les intérêts à conclure des baux dérogatoires successifs sont multiples :

  • Flexibilité contractuelle.
  • Éviter le statut contraignant des baux commerciaux.
  • Pas d’indemnité d’éviction à verser en cas de refus de renouvellement.
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Pour le locataire, les risques sont significatifs :

  • Pas de droit au renouvellement.
  • Absence d’indemnité d’éviction en cas de non-renouvellement.

cas de fraude et ses implications

Certains bailleurs utilisent divers subterfuges pour contourner la limite des trois ans. Par exemple, ils peuvent signer des baux avec des noms différents pour masquer la continuité du locataire.

Dans une affaire récente (Cassation civile 3e, 30 mai 2024, n° 23-10184), trois baux dérogatoires successifs avaient été conclus avec le même locataire mais sous différents noms. La Cour a reconnu la fraude et suspendu le délai de prescription, permettant ainsi au locataire d’agir en justice malgré l’écoulement du délai initial.

action en justice et délais

Le délai de prescription pour agir en justice concernant les baux dérogatoires est en général de deux ans. En cas de fraude avérée, ce délai peut être suspendu. La décision récente de la Cour de cassation confirme cette suspension lorsqu’une fraude est prouvée. Cela permet aux locataires trompés par des pratiques frauduleuses d’obtenir réparation même après expiration du délai initial.

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rappels et recommandations

Les baux de courte durée présentent des avantages et risques distincts pour bailleurs et locataires. Il est recommandé aux locataires d’être vigilants sur les conditions légales avant toute signature. En cas de soupçon de fraude, il est crucial d’agir rapidement et consulter un avocat spécialisé.

conseils pratiques pour les lecteurs

Pour identifier une potentielle fraude dans un bail dérogatoire, voici quelques astuces :

  • Vérifier l’identité réelle du locataire sur chaque contrat.
  • Comparer les durées cumulées des baux.
  • Consulter un avocat dès qu’un doute apparaît.

Actions concrètes en cas de suspicion :

  1. Rassembler tous les documents contractuels.
  2. Prendre conseil auprès d’un avocat spécialisé.
  3. Engager une action en justice si nécessaire.

exemples et jurisprudence

Outre l’affaire mentionnée (Cassation civile 3e, 30 mai 2024), d’autres décisions judiciaires similaires illustrent les conséquences juridiques sévères pour les bailleurs utilisant des pratiques frauduleuses :

  • Cassation civile 3e, 12 janvier 2017, n° 15-29345 : requalification en bail commercial après découverte d’une fraude similaire.
  • Cour d’appel de Paris, 20 novembre 2019 : condamnation du bailleur à verser une indemnité d’éviction après requalification du bail.
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Ces exemples montrent l’importance du respect strict des règles régissant les baux dérogatoires.

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