La dette de l’État atteint désormais 114 % du produit intérieur brut, soit un niveau rarement observé par le passé. Pour revenir à l’équilibre, le gouvernement français vise une économie supérieure à 43 milliards d’euros d’ici 2026. Ce plan ne se limite pas à la fiscalité : il comprend des réformes sociales d’ampleur qui concernent aussi bien le temps de travail, l’assurance chômage, l’organisation des arrêts maladie que les droits sociaux des salariés. Ces mesures visent à transformer en profondeur le fonctionnement du marché du travail et la gestion de la dépense publique.
suppression de deux jours fériés : travailler plus sans gagner plus
L’une des mesures phares du plan consiste à supprimer deux jours fériés actuellement non travaillés par la majorité des salariés. Les jours visés sont le lundi de Pâques et le 8 mai. Leur suppression concernerait la plupart des secteurs, sauf ceux déjà soumis au travail lors de ces dates.
Aucune compensation salariale n’est prévue pour ces journées travaillées en plus. Ce choix vise à augmenter la productivité globale sans accroître le coût du travail pour les employeurs.
Les entreprises verraient, quant à elles, leur activité s’accroître durant ces deux jours. Elles seraient donc soumises à une nouvelle contribution financière, dont les modalités restent à définir, mais qui doit permettre d’alimenter directement le budget de l’État. Selon le Premier ministre, cette mesure pourrait générer jusqu’à 4,2 milliards d’euros dès 2026.
Les partenaires sociaux sont sollicités pour négocier les détails du dispositif. Ils peuvent discuter du choix précis des jours concernés, des adaptations nécessaires pour certaines régions comme l’Alsace-Moselle ou Saint-Pierre-et-Miquelon, et des alternatives pour les entreprises dont les salariés travaillent déjà lors des jours fériés. La négociation doit aboutir rapidement, afin que la mesure soit appliquée dès 2026.
élément | détail |
---|---|
jours supprimés proposés | lundi de pâques et 8 mai |
salaire supplémentaire prévu | non |
contribution entreprise | oui (modalités à préciser) |
délai de négociation sociale | fin septembre 2025 |
démarrage envisagé | 2026 |
réforme de l’assurance chômage : vers un retour rapide à l’emploi
Le gouvernement propose d’adapter le régime d’assurance chômage. Plusieurs pistes visent à encourager un passage plus rapide vers l’emploi et à limiter la dette du régime :
- conditions d’ouverture renforcées (durée d’emploi requise rehaussée)
- diminution du recours aux ruptures conventionnelles individuelles, souvent perçues comme des démissions déguisées
- système de bonus-malus étendu pour dissuader les contrats courts répétitifs
- maintien de la dégressivité des allocations en fonction de la durée d’indemnisation.
Le gouvernement insiste sur plusieurs principes à préserver :
- contracyclicité du régime, pour ajuster les paramètres selon la situation économique.
- dégrèssivité des allocations chômage.
- salaire journalier de référence calculé selon les règles actuelles.
Les partenaires sociaux doivent trouver un accord avant le 15 novembre pour que ces nouvelles règles entrent en application début 2026.
autres pistes sociales pour accompagner la réduction de la dette
En complément des mesures phares, plusieurs sujets sont ouverts à discussion afin d’optimiser encore le marché du travail et améliorer la gestion sociale.
Parmi eux figurent :
- monétisation possible de la cinquième semaine de congés payés.
- lutte contre le temps partiel subi.
- ajustement des conditions d’accès au CDD et à l’intérim.
- diminution du délai de contestation après rupture du contrat de travail.
- soutien au dialogue social dans les TPE-PME.
- diminution des arrêts maladie abusifs.
Un axe fort concerne le transfert partiel du coût des arrêts maladie vers les employeurs. Ainsi, ceux-ci pourraient devoir prendre en charge l’indemnisation entre le quatrième et le septième jour d’arrêt. Ce changement vise à responsabiliser davantage les employeurs dans le suivi des absences.
La reprise après arrêt maladie pourrait aussi être simplifiée. Au lieu d’une visite médicale systématique (hors accident ou maladie professionnelle), un simple avis médical pourrait suffire pour autoriser le retour au poste.
enjeux et réactions autour des nouvelles mesures sociales liées à l’apurement des dettes publiques
Ces réformes présentent plusieurs enjeux majeurs pour les salariés, les entreprises et la société dans son ensemble.
Pouvoir d’achat : Travailler deux jours fériés sans compensation revient à réduire indirectement certains droits acquis, ce qui peut peser sur la perception du pouvoir d’achat.
Marché du travail : Le durcissement de l’accès à l’assurance chômage et la lutte contre les contrats courts pourraient modifier en profondeur les habitudes d’embauche et inciter au retour rapide vers l’emploi stable.
Compétitivité entreprise : La contribution nouvelle demandée aux entreprises pendant les jours fériés travaillés représente une charge supplémentaire mais pourrait être compensée par une hausse temporaire de leur activité.
Santé au travail : La simplification prévue dans la gestion des arrêts maladie peut améliorer la fluidité administrative mais suscite certaines interrogations sur la prévention médicale.
Les syndicats expriment leur inquiétude face au risque d’une dégradation du droit du travail et appellent à garantir un dialogue social effectif lors des négociations. Les organisations patronales se montrent attentives aux conséquences économiques directes sur leurs charges et leur organisation interne. Des experts soulignent que si ces mesures génèrent effectivement des économies rapides, leur impact réel dépendra beaucoup de leur acceptation par tous les acteurs concernés et de leur adaptation aux spécificités sectorielles ou territoriales.
bilan et perspectives pour les finances publiques et le contrat social français
Le plan annoncé par le gouvernement articule diminution immédiate de certaines dépenses publiques, adaptation réglementaire et responsabilisation accrue des employeurs comme des salariés. Il s’agit là d’un ensemble cohérent visant une économie substantielle tout en cherchant à préserver certains équilibres sociaux essentiels. Reste ouverte la question suivante : ces réformes permettront-elles une amélioration pérenne des finances publiques tout en maintenant un haut niveau de protection sociale ? L’avenir dépendra aussi bien du contenu final issu des négociations que de la capacité collective à accepter ces changements dans un contexte marqué par une exigence forte en matière d’équité sociale.