La pulvérisation aérienne de produits phytosanitaires fait l’objet d’une interdiction stricte pour les exploitants agricoles. Cette règle vise à limiter les risques pour la santé humaine et à protéger l’environnement contre la dérive des produits et leur dispersion incontrôlée. Une évolution récente du cadre légal permet désormais, dans des cas précis, l’usage de l’épandage par drone. Cette innovation technique s’inscrit dans une démarche de réduction des impacts négatifs tout en apportant une réponse à certaines contraintes agricoles.
nouvelles exceptions à l’interdiction d’épandage aérien
La loi n° 2025-365 du 23 avril 2025 établit trois situations où l’épandage par drone devient possible :
- parcelles agricoles avec une pente supérieure à 20 %
- vignes mères de porte-greffes conduites au sol
- bananeraies
Dans ces cas précis, seuls certains produits peuvent être utilisés. La sélection porte sur :
- produits de biocontrôle
- produits autorisés en agriculture biologique
- produits « à faible risque » selon la réglementation européenne
Ce cadre vise à limiter l’impact sur la santé et sur l’environnement, tout en apportant une solution aux situations où l’application terrestre reste difficile ou impossible.
conditions d’usage et précautions prévues par la loi
L’autorisation d’épandage par drone ne s’applique pas à toutes les exploitations ni à tous les produits. Elle est strictement encadrée. Les agriculteurs doivent respecter :
- la nature des parcelles (conformité avec les trois catégories autorisées)
- le choix des produits (biocontrôle, biologique ou « à faible risque » uniquement)
- les modalités techniques d’application définies par la réglementation
Chaque intervention doit ainsi être justifiée par un avantage pour la santé humaine ou pour l’environnement. L’usage généralisé du drone reste exclu en dehors des cas prévus.
démarche expérimentale pour d’autres usages possibles
La loi prévoit une ouverture expérimentale. Pendant trois ans, un décret pourra autoriser l’épandage par drone sur d’autres types de parcelles. Cette phase expérimentale a plusieurs objectifs :
- étudier les effets sur la santé des opérateurs (réduction de l’exposition directe aux produits)
- mesurer l’impact environnemental comparé aux applications terrestres
- analyser les éventuels bénéfices ou risques en plus
L’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) assure le suivi scientifique et évalue les résultats obtenus lors de ces essais.
bilan des premières études scientifiques et réserves émises
Une note de l’Anses publiée en 2022 met en avant certains avantages liés à la pulvérisation par drone. D’après ces travaux, le recours au drone réduit nettement l’exposition des opérateurs aux produits phytosanitaires. Les observations restent prudentes : il manque encore des données pour évaluer pleinement l’efficacité agronomique et les risques spécifiques liés à cette méthode d’application. L’encadrement légal actuel tient compte de ces incertitudes et impose une approche progressive basée sur le retour d’expérience scientifique.
bilan législatif et perspectives pour le secteur agricole
Le recours encadré à l’épandage par drone, permis par la loi n° 2025-365 du 23 avril 2025, marque un changement pour certaines filières agricoles confrontées à des difficultés techniques ou topographiques. Ce dispositif introduit plus de souplesse tout en maintenant un haut niveau de vigilance sur la sélection des produits utilisés et sur le suivi scientifique. Les premières études relèvent un bénéfice direct pour la santé des opérateurs mais appellent encore à approfondir l’évaluation globale, notamment concernant la performance agronomique et les effets indirects. À terme, cette innovation pourrait ouvrir la voie à une agriculture qui combine sécurité, respect de l’environnement et adaptation aux nouvelles contraintes du terrain.