L’épargne salariale et l’épargne retraite collective en France connaissent un essor inédit en 2024. Selon l’enquête annuelle de l’association française de la gestion financière, ces dispositifs atteignent un niveau record de 200 milliards d’euros d’encours à fin décembre 2024. Ce montant, jamais observé auparavant, traduit une dynamique forte et durable. L’étude s’appuie sur des données précises recueillies auprès des entreprises et met en lumière les évolutions majeures du secteur. Elle permet aussi de mieux comprendre les tendances actuelles, les profils des bénéficiaires, ainsi que le rôle croissant des TPE-PME et de l’investissement durable dans le paysage de l’épargne collective.
les moteurs de la progression de l’épargne salariale en 2024
La hausse des encours atteint +6,5 % sur un an, soit une croissance remarquable. Cette évolution résulte surtout de la mobilisation des TPE-PME. De plus en plus d’entreprises adoptent un dispositif d’épargne salariale, avec +19 000 sociétés équipées, portant le total à 416 000 entreprises. Les structures de moins de 250 salariés jouent un rôle central dans cette dynamique. Ces organisations cherchent à fidéliser leurs collaborateurs et à améliorer leur attractivité grâce à ces outils collectifs.
Voici un tableau récapitulatif pour illustrer cette progression :
Année | Nombre d’entreprises équipées | Progression annuelle |
---|---|---|
2023 | 397 000 | +17 000 |
2024 | 416 000 | +19 000 |
Cette envolée traduit une volonté partagée par les directions d’entreprise et les salariés d’utiliser l’épargne salariale comme levier d’engagement dans les petites structures.
l’effet des mesures incitatives récentes
Plusieurs mesures ont favorisé cet essor. La loi « pacte » adoptée en 2019 simplifie la mise en place de l’épargne salariale. Elle encourage aussi l’actionnariat salarié et facilite la portabilité des droits. La loi sur le partage de la valeur de 2023 va plus loin : elle renforce les obligations pour les employeurs et valorise la redistribution au sein des équipes. La suppression du forfait social a aussi levé un frein, surtout pour les TPE-PME. Ces évolutions rendent les plans plus attrayants, tant pour les employeurs que pour les salariés.
Exemple concret : une PME peut aujourd’hui proposer un plan sans coût social additionnel, tout en offrant à ses salariés un accès facilité à l’épargne collective.
le profil des salariés bénéficiaires
Les derniers chiffres font état de 12,8 millions de salariés bénéficiaires, soit une hausse de 501 000 personnes en un an. Chaque salarié détenteur place en moyenne 15 400 euros. Ce montant illustre l’usage croissant de ces dispositifs comme solution d’épargne complémentaire au salaire classique.
La diversité des profils bénéficiaires s’accroît aussi. Autant les cadres que les employés ou ouvriers profitent désormais plus largement des plans proposés par leur entreprise.
détail des types d’épargne et évolution des encours
L’épargne salariale se décline principalement sous trois formes : le plan d’épargne entreprise (pee), le plan d’épargne retraite collectif (perco/per collectif) et l’actionnariat salarié.
Voici la répartition observée en 2024 :
Dispositif | Encours (Md €) | Progression annuelle |
---|---|---|
pee | 166 | +4,9 % |
dont fonds diversifiés | 96 | |
dont actionnariat salarié | 70 | |
perco & per collectif | 34 | +15 % |
Le pee, présent dans la majorité des entreprises équipées, regroupe la majorité des fonds. Les dispositifs retraite connaissent une envolée rapide grâce à leur souplesse et à leur gestion pilotée choisie par près de 68 % des détenteurs. L’investissement moyen par salarié confirme ce dynamisme.
la montée en puissance de l’investissement durable
L’investissement durable s’impose comme une tendance forte. Environ 84 % des encours des fonds diversifiés sont placés sur des supports responsables ou labellisés. Parmi eux, 23,4 Md € sont investis dans des fonds labellisés ISR (investissement socialement responsable) et 35,7 Md € détiennent le label CIES (comité intersyndical).
L’évolution se traduit par un recul progressif des fonds monétaires (76 % en 2024 contre 81 % en 2023) au profit des fonds actions qui dominent désormais avec 62 % des titres détenus . Cette transformation reflète le choix d’une stratégie tournée vers la croissance durable à long terme.
implications économiques et sociales du développement de l’épargne salariale
Le développement massif de l’épargne salariale, notamment porté par les TPE-PME, soutient directement le financement des entreprises françaises et européennes. L’afflux vers les fonds actions permet aux sociétés locales d’accéder à davantage de capitaux pour investir et se développer.
Parallèlement, cette orientation révèle une vision long terme chez les épargnants qui misent sur la solidité du tissu économique national tout en intégrant la dimension sociale et environnementale dans leurs choix d’investissement. Cela montre aussi que chacun peut participer activement au financement responsable via son épargne professionnelle.
bilan et perspectives pour l’épargne salariale française
Le paysage français affiche une progression notable sur tous les fronts : nombre d’entreprises équipées, montants investis, élargissement du profil des bénéficiaires et part croissante dédiée à l’investissement durable. La diffusion rapide au sein des TPE-PME, couplée à une législation favorable, explique ce record historique atteint en 2024. L’engagement croissant vers les fonds responsables laisse entrevoir une transformation durable du secteur.
À moyen terme, cette tendance pourrait renforcer encore plus le lien entre salariés et leurs entreprises tout en soutenant l’innovation locale. L’accès facilité à ces dispositifs offre aussi une nouvelle façon pour chaque collaborateur d’agir concrètement sur l’économie réelle et sur le monde qui l’entoure.