L’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, ou ANSSI, joue un rôle central dans la défense des réseaux numériques en France. Chaque année, elle publie un état des lieux sur les menaces informatiques qui touchent le pays. Cette étude, nommée panorama de la cybermenace, vise à éclairer les tendances et les risques majeurs observés sur l’année passée. Le panorama 2024 met en lumière trois points essentiels : la hausse des attaques par rançongiciels, l’évolution des cibles visées, et l’augmentation des incidents liés à l’espionnage ou aux tentatives de déstabilisation. Un examen attentif de ces évolutions aide à mieux comprendre les défis actuels et à adapter les pratiques de sécurité numérique.
chiffres clés de la cybermenace en france en 2024
L’analyse menée par l’ANSSI souligne une augmentation sensible du nombre d’incidents signalés. Les attaques par extorsion, principalement sous forme de rançongiciels et de fuites de données, représentent une part significative des menaces :
Cible | Pourcentage d’attaques signalées |
---|---|
PME/TPE/ETI | 37 % |
collectivités territoriales | 17 % |
établissements d’enseignement supérieur | 12 % |
entreprises stratégiques françaises | 12 % |
Les attaques par rançongiciel restent en tête, avec une méthode simple mais efficace : bloquer l’accès à des données ou menacer leur publication, puis exiger le paiement d’une rançon. Les PME et les collectivités locales figurent parmi les plus exposées. Un exemple typique : le blocage complet d’un système informatique dans une mairie moyenne, bloquant la délivrance de documents administratifs pendant plusieurs jours.
techniques et modes opératoires privilégiés par les attaquants
Les cybercriminels adaptent sans cesse leurs méthodes. En 2024, trois grandes techniques se démarquent :
- rançongiciels : prise en otage de données contre paiement.
- fuites de données : vol puis diffusion ou menace de diffusion d’informations sensibles.
- DDoS (déni de service distribué) : saturation des serveurs pour rendre un service indisponible.
Les attaques à but d’extorsion, comme les rançongiciels, visent un gain financier immédiat. À l’opposé, les actions dites « hacktivistes » cherchent avant tout la visibilité et la perturbation publique, souvent via des DDoS pendant des événements médiatisés comme les jeux olympiques. Certaines opérations sont menées pour collecter discrètement des informations – il s’agit alors d’espionnage numérique. Ces dernières mobilisent souvent plus longtemps les équipes spécialisées.
détail sur les attaques à finalité d’espionnage
Les campagnes d’espionnage informatique occupent une place croissante dans l’activité opérationnelle de l’ANSSI. Ces attaques visent surtout à collecter des données stratégiques au profit d’États étrangers ou de groupes ayant des intérêts géopolitiques. En 2024, plusieurs incidents ont été attribués à des groupes liés aux intérêts russes, cherchant à soutenir leurs actions militaires ou diplomatiques par le vol massif d’informations sensibles. La discrétion et la persistance caractérisent ces modes opératoires, qui nécessitent une réponse technique fine et coordonnée.
enjeux pour les acteurs concernés : pourquoi certaines cibles sont plus vulnérables ?
Certaines organisations présentent une exposition plus forte aux cybermenaces. Les PME/TPE/ETI disposent souvent de moins de moyens pour se protéger ; elles forment donc des cibles attrayantes pour des attaques automatisées et peu coûteuses. Les collectivités territoriales gèrent beaucoup de services publics numériques mais manquent parfois de ressources pour sécuriser leurs infrastructures. Les établissements d’enseignement supérieur manipulent un grand volume de données personnelles et scientifiques, ce qui attire aussi bien les escrocs que les espions industriels ou étatiques.
Pour toutes ces structures, la sensibilisation reste un enjeu fort : chaque utilisateur doit comprendre comment reconnaître une tentative malveillante et agir vite en cas d’incident. La structure interne (réseaux informatiques anciens, manque de sauvegardes fiables) amplifie encore le risque.
s’adapter face aux cybermenaces : pistes et recommandations
Face à la multiplication et à la diversité des menaces recensées par l’ANSSI, plusieurs mesures concrètes peuvent limiter le risque :
- sauvegarde régulière : conserver plusieurs copies hors ligne diminue l’impact d’un rançongiciel.
- systèmes à jour : appliquer sans délai les correctifs fournis par les éditeurs.
- sensibilisation du personnel : former tous les utilisateurs aux bonnes pratiques limite la réussite des attaques par messagerie ou hameçonnage.
- dépistage actif (détection) : installer des outils capables d’alerter vite en cas d’activité suspecte.
- coopération institutionnelle : échanger avec l’ANSSI ou le CERT-FR pour partager retours d’expérience et alertes récentes.
Une veille continue sur les nouveaux vecteurs d’attaque reste essentielle ; aucune organisation n’est à l’abri mais une préparation solide permet souvent de limiter fortement les dégâts.
Pour approfondir ces points et consulter le rapport officiel complet :
panorama de la cybermenace 2024 – anssi (pdf)
Le panorama 2024 publié par l’ANSSI confirme que le paysage numérique français fait face à plusieurs défis majeurs : rançongiciels ciblant largement PME et collectivités, actions coordonnées lors d’événements internationaux, espionnage guidé par l’intérêt géopolitique. La diversité croissante des techniques employées montre que chaque acteur doit rester attentif et se former régulièrement aux nouveaux risques identifiés. L’implication collective – sensibilisation interne, partage entre acteurs publics/privés et appui sur les ressources nationales comme celles de l’ANSSI – forme un socle solide pour améliorer la résilience numérique française face aux menaces actuelles.