Transmission du bail rural en cas de décès de l’exploitant agricole : règles et arbitrages

Photo of author

Par Nicolas

Le décès d’un exploitant agricole entraîne souvent des questions sur l’avenir du bail rural attaché à l’exploitation. Cette transmission détermine la continuité de la ferme et le maintien de ses activités. Plusieurs personnes peuvent prétendre à cette reprise, mais la loi fixe des règles précises pour garantir un passage équitable et adapté aux réalités familiales et professionnelles. Comprendre ces règles aide à mieux anticiper les démarches et à préparer la succession autour du bail rural.

bénéficiaires prioritaires du bail rural

Le bail rural n’est pas automatiquement résilié au décès de son titulaire. Il peut se poursuivre au profit de certains membres de sa famille ou de son entourage proche. Sont concernés en priorité :

  • conjoint survivant ou partenaire pacsé
  • ascendants
  • descendants

Pour bénéficier du bail rural, ces personnes doivent avoir participé à l’exploitation au moment du décès ou durant les cinq années qui précèdent. Cette condition vise à assurer que le repreneur connaît le fonctionnement de l’exploitation et souhaite s’y investir. Par exemple, un enfant ayant aidé sur l’exploitation pendant trois ans, même s’il a quitté la ferme deux ans avant le décès, peut demander la reprise du bail rural. À l’inverse, un parent ou un enfant n’ayant jamais participé ne sera pas prioritaire.

Les conséquences du non-respect de la clause de non-concurrence sur la compensation financière

gestion de la concurrence entre bénéficiaires potentiels

Plusieurs candidats peuvent se manifester pour reprendre le même bail rural. Par exemple, deux enfants ayant tous deux travaillé sur la ferme les années précédentes. Dans ce cas, le tribunal paritaire des baux ruraux intervient pour attribuer le bail à celui qui paraît le mieux placé.

Les critères d’attribution sont les suivants  :

critères évaluésexemples pratiques
intérêt des parties en présencesituation familiale, projet professionnel
aptitude à gérer l’exploitationdiplômes agricoles, expérience concrète, implication récente dans la gestion courante
capacité à se maintenir sur l’exploitationsituation financière, logement sur place, disponibilité immédiate

La procédure devant le tribunal permet d’éviter une attribution automatique qui ne tiendrait pas compte des compétences et du souhait réel des demandeurs. Le candidat retenu pourra exploiter seul et assurer la pérennité de l’activité.

absence d’héritiers participants à l’exploitation

Si personne parmi les ayants droit ne répond à la condition de participation à l’exploitation, le propriétaire du fonds dispose d’un droit spécifique. Il peut demander la résiliation du bail auprès du juge dans un délai de six mois après avoir appris le décès.

Nouveautés dans le régime des apports partiels d'actifs entre sociétés

Si ce droit n’est pas exercé dans les délais, le bail rural est alors transmis aux héritiers selon le régime classique des successions. Tous les héritiers du même rang deviennent alors colocataires du bail.

statut des héritiers colocataires et gestion des conflits

Lorsque plusieurs héritiers se retrouvent titulaires ensemble du même bail sans avoir exprimé un projet commun, cela peut générer des conflits ou des blocages dans la gestion quotidienne de l’exploitation.

En cas de désaccord entre ces cohéritiers (par exemple si chacun souhaite exploiter seul), le tribunal peut être saisi pour trancher. Il attribue alors le bail à l’un d’entre eux en fonction des mêmes critères que précédemment  : aptitude et intérêt pour gérer et maintenir l’activité agricole.

Cette solution permet d’éviter qu’une indivision non choisie ne nuise au bon fonctionnement de l’exploitation ou ne bloque sa reprise par une personne motivée et compétente.

appui juridique et évolution jurisprudentielle récente

La question du transfert du bail rural après décès a été récemment précisée par la Cour de cassation (cass. civ. 3e, 9 janvier 2025, n° 23-13878). Les juges rappellent que même dans les cas où plusieurs héritiers sont en conflit, ils peuvent privilégier celui qui semble offrir les meilleures garanties pour poursuivre avec efficacité l’activité agricole. Cette décision s’inscrit dans une logique de stabilité pour les exploitations agricoles et répond aux besoins concrets des familles concernées.

Attention aux conditions de transport des marchandises par vos clients

transmettre sereinement un bail rural après décès  : points-clés à retenir

La poursuite du bail rural après le décès d’un exploitant repose sur une organisation précise  : priorité est donnée aux membres proches ayant effectivement participé à l’exploitation lors des cinq dernières années. En cas de pluralité de candidats ou d’absence d’héritier impliqué, le tribunal ou le propriétaire interviennent selon une procédure réglementée visant à assurer une continuité efficace de l’activité agricole. Se renseigner en amont et préparer sa succession favorise une transmission adaptée aux besoins réels de la famille et de l’exploitation.

Laisser un commentaire