la transmission du patrimoine reste une préoccupation forte pour de nombreux foyers en france. face aux changements économiques récents et à l’instabilité politique, chacun s’interroge sur la façon d’assurer au mieux le passage de ses biens à ses proches. la dernière étude de l’observatoire des solidarités intergénérationnelles, menée auprès de plus de 1 000 personnes par l’ifop, met en lumière les attentes, les craintes et les choix privilégiés par les français pour organiser cette transmission dans un contexte incertain. cet article se propose de décrypter ces tendances et d’expliquer comment les outils traditionnels et nouveaux s’adaptent aux besoins actuels.
perception actuelle de la capacité à transmettre
malgré un taux d’épargne élevé, seulement 71 % des personnes interrogées pensent pouvoir transmettre un jour leur patrimoine (source : observatoire des solidarités intergénérationnelles, 2024). ce chiffre marque une baisse de 7 points par rapport à l’année précédente. cette évolution met en évidence un paradoxe : alors que l’épargne reste forte en france, le sentiment de pouvoir transmettre diminue.
les causes évoquées sont multiples. la conjoncture économique difficile, marquée par le ralentissement de la croissance, pèse sur la confiance. l’incertitude politique renforce ce sentiment. pour beaucoup, l’épargne ne constitue plus un capital destiné avant tout à être légué, mais devient une réserve pour faire face aux imprévus.
selon l’étude, la perception de la transmission varie selon le type d’actif détenu. parmi ceux disposant d’au moins un produit d’épargne, 84 % se sentent capables de transmettre ce patrimoine.
focus sur la transmission intergénérationnelle
le souhait de transmettre aux générations suivantes évolue. 12 % des sondés envisagent aujourd’hui un legs direct à leurs petits-enfants, soit une légère hausse d’un point par rapport à l’an dernier (source : ifop/observatoire des solidarités intergénérationnelles). cette tendance est plus marquée chez les personnes ayant déjà des petits-enfants : dans ce groupe, 24 % expriment ce souhait.
cette montée traduit une volonté croissante de soutenir les plus jeunes membres de la famille et d’anticiper leurs besoins futurs. elle reflète aussi une adaptation aux nouvelles structures familiales et à l’allongement de la durée de vie.
panorama des outils privilégiés
l’étude identifie plusieurs outils préférés pour organiser la transmission du patrimoine. voici leur hiérarchie selon le taux d’utilisation déclaré par les sondés :
outil | % d’utilisation déclarée |
---|---|
assurance-vie | 53 % |
livrets bancaires | 20 % |
immobilier | 18 % |
bourse | 5 % |
plan d’épargne retraite | 4 % |
l’assurance-vie se démarque nettement. elle attire par sa souplesse et son cadre fiscal avantageux. 53 % des répondants déclarent l’utiliser comme principal moyen de transmission. cet outil permet aussi de désigner librement les bénéficiaires : quatre détenteurs sur dix ont choisi une personne hors du cercle familial, surtout chez les moins de 35 ans qui souhaitent personnaliser leur succession.
les livrets bancaires restent utilisés mais sont avant tout considérés comme des réserves disponibles rapidement plutôt qu’un moyen structuré de léguer un capital.
l’immobilier, bien que classique, recule légèrement dans les intentions, probablement en raison des contraintes liées à la gestion ou la valorisation dans un marché incertain.
la bourse et le plan d’épargne retraite, plus techniques ou perçus comme risqués, ne concernent qu’une minorité.
focus sur la donation
la donation, qu’elle soit manuelle ou notariée, rencontre un engouement croissant. 59 % des personnes interrogées ont déjà envisagé ou réalisé ce type d’acte (source : ifop/observatoire des solidarités intergénérationnelles). ce chiffre monte à 75 % chez les parents.
plusieurs raisons motivent ce choix :
- diminuer les droits de succession : 46 % cherchent à réduire le coût fiscal pour leurs héritiers.
- soutenir l’avenir des proches : 42 % veulent aider dès aujourd’hui.
- transmettre peu à peu : 31 % privilégient une répartition étalée dans le temps.
- garder le contrôle sur les biens donnés : 25 % souhaitent fixer les conditions.
ce succès traduit un changement profond : on préfère désormais « transmettre avec soi », accompagner ses proches pendant sa vie plutôt que seulement prévoir un héritage « après soi ».
le testament en perte de vitesse
le recours au testament baisse depuis quelques années. seuls 32 % déclarent avoir déjà rédigé ou envisager ce document (baisse de 5 points depuis 2024 selon l’étude). cette tendance est encore plus nette chez les moins de 35 ans avec une chute récente de 14 points (30 %).
pour ceux qui choisissent encore cet outil, trois raisons principales ressortent :
- protéger le conjoint survivant : c’est cité par 55 %.
- léguer des biens mobiliers spécifiques : mentionné par 33 %.
- décider précisément du partage entre héritiers : mis en avant par 23 %.
cette évolution s’explique notamment par une préférence pour des outils plus souples et adaptables comme la donation ou l’assurance-vie.
dynamique actuelle et perspectives autour de la transmission patrimoniale française
les pratiques en matière de transmission du patrimoine face aux incertitudes évoluent. malgré un contexte économique tendu et une confiance fragilisée, organiser le passage des biens familiaux reste essentiel pour beaucoup. l’étude montre que si l’assurance-vie domine toujours, la donation s’impose comme une solution moderne et active pour accompagner ses proches dès aujourd’hui. en parallèle, on observe une diversification accrue vers les petits-enfants et une personnalisation grandissante du choix des bénéficiaires. même si certains outils traditionnels comme le testament perdent du terrain chez les jeunes générations, ils gardent leur place pour répondre à des besoins précis comme la protection du conjoint ou la gestion fine du partage. dans ce contexte mouvant, chaque famille cherche à construire sa stratégie en tenant compte à la fois des priorités affectives et des réalités économiques.